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Invité d’honneur à la Dubai Watch Week, le président non exécutif de la division Montres de LVMH a livré un vibrant plaidoyer en faveur de l’horlogerie suisse, une industrie « qui n’existe pas ». Hublot avait pavé la voie avec une édition spéciale « Émirats ».
Peu d’orateurs du monde horloger sont susceptibles de faire salle comble et ravir leur auditoire comme Jean-Claude Biver sait le faire. En cette 4e édition de la Dubai Watch Week, le président non exécutif du pôle Montres de LVMH s’est volontiers prêté à l’exercice consistant à livrer quelques-unes de ses réflexions percutantes sur une industrie qu’il a marquée de son empreinte d’abord chez Blancpain, puis chez Omega, Hublot, Zenith et finalement TAG Heuer. Succès garanti, les participants à ce forum de discussion ont acquiescé à ses remarques pertinentes, ri de ses blagues tonitruantes pour finalement applaudir et saluer un homme qui passe volontiers pour un symbole de réussite.
Plus tôt dans la matinée, Hublot, une marque qu’il a placée en orbite mondiale avec une maestria peu commune, avait déjà pavé la voie en présentant « son » édition de la Dubai Watch Week. Une des sept séries limitées des marques présentes qui soulignent toute l’importance que revêt ce salon émirati. La montre Hublot a toutefois ceci de particulier qu’elle a été développée en partenariat avec Ahmed Seddiqi & Sons, société organisatrice de la manifestation, et qu’elle est parfaitement originale sous plusieurs aspects. Avec cette Classic Fusion Special Edition Bronze Anticlockwise, la manufacture présente en effet sa première montre au boîtier entièrement en bronze, vieilli pour en stabiliser la teinte, et sa première montre aux aiguilles tournant dans le sens antihoraire équipée d’un calibre manufacture dédié. Comme le précisait Mohammed Abdulmagied Seddiqi, les jours de ces 100 pièces sont comptés…
L’éternité à bout de bras
Rien ne pouvait faire plus plaisir à Jean-Claude Biver, qui n’a pas ménagé ses éloges envers un salon où « les visiteurs ont l’air heureux d’être là parce que l’on voit un sourire dans leurs yeux, clamait-il. Un salon ouvert qui n’est pas guidé par les pressions commerciales et dont nombre de manifestations pourraient s’inspirer. » Et Jean-Claude Biver de poursuivre en assénant une vérité première concernant la taille de l’industrie horlogère suisse. « Songez un seul instant que les 21 milliards de francs que représentent les exportations annuelles de cette industrie ne représentent pas même le chiffre d’affaires semestriel de la première compagnie du luxe qu’est LVMH. Ces 21 milliards, c’est le bénéfice que réalise Apple en un seul trimestre. » D’où la conclusion parfaitement iconoclaste de Jean-Claude Biver : « L’horlogerie suisse n’existe pas ! » Ou, autrement dit, son potentiel de développement est proprement ahurissant. Et de citer l’exemple du premier horloger mondial, à savoir Rolex, à qui l’on prête des ventes de l’ordre du million de pièces par an réalisées dans une centaine de pays. « Pour caricaturer, disait-il, cela veut dire qu’en moyenne cette Maison vend 10’000 montres par an sur des marchés comme la Chine ou les États-Unis. Je n’ai pas besoin d’épiloguer. À une époque où nous sommes entourés comme jamais de produits qui vont tous mourir à plus ou moins brève échéance, chacun d’entre nous cherche une échappatoire vers des objets qui vont durer, des objets comme les montres, les seules à même d’offrir une parcelle d’éternité et qui tutoient l’art, la tradition, l’excellence, voire la perfection. »
Pour Jean-Claude Biver, il est grand temps d’éduquer les gens à regarder leur montre autrement. « Non pas pour savoir l’heure. De nos jours, l’heure est partout, assénait-il. Il faut apprendre à regarder nos montres comme des objets d’art, d’exclusivité et d’émotion. En ce sens, si nous, professionnels de l’horlogerie, faisons correctement notre boulot, si nous arrivons à attirer les talents, à cultiver les métiers propres à cette industrie et à y injecter une bonne dose d’innovation pour ne pas refaire sans cesse les mêmes choses, cette horlogerie, qui n’existe pas, va prendre un envol phénoménal. » L’audience buvait du petit-lait ! |