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Le péché originel des « oscars » de l’horlogerie
 
Le 22-07-2019
de Fondation de la Haute Horlogerie

Année après année, le Grand Prix d’Horlogerie de Genève conforte sa réputation. Ne dit-on pas de cette manifestation réunissant le gratin de la profession lors de mémorables soirées qu’elle consacre les « oscars » de l’horlogerie ? Une appellation en rien usurpée si l’on en croit l’aura internationale que vaut désormais aux lauréats une palme remportée dans les différentes catégories. Pour résumer, le GPHG n’a tout simplement pas d’équivalent de par le monde et c’est fort heureux, car il n’y a pas non plus deux Genève, berceau et capitale de la belle horlogerie. La cité de Calvin et les horlogers qui rayonnent autour méritent assurément un tel coup de projecteur au moins une fois par année. C’est d’ailleurs l’une des principales vertus du GPHG, celle d’avoir fait de cette remise des prix un « gala » dont on parle de Pékin à Los Angeles et d’avoir également organisé en préambule de belles expositions itinérantes avec le dernier carré des pièces en compétition. Les amateurs savent apprécier.

Il nous appartient donc de saluer comme il se doit ces magnifiques efforts, véritablement palpables depuis que le GPHG est organisé sous l’égide d’une fondation. C’était en 2011 avec comme porte-étendard l’ancien conseil d’État genevois Carlo Lamprecht, secondé par la directrice Carine Maillard, qui, aujourd’hui, peut compter sur l’avocat Raymond Loretan comme nouveau président. Que de chemin parcouru depuis la genèse de ce Grand Prix, parti d’une intention fort louable au demeurant mais bel et bien entaché à ses débuts des relents d’un clientélisme peu compatible avec toute démarche sélective impartiale ! Désormais organisé par la Fondation du GPHG ayant pour membres fondateurs les pouvoirs publics du canton et de la ville de Genève, aux côtés du Musée international d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds, du Laboratoire d’horlogerie et de microtechnique de Genève (Timelab) et de l’éditeur Edipresse (qui a revendu tous ses titres), le prix a gagné en crédibilité ce qu’il a perdu en copinage. Il était temps, car les stigmates étaient profonds.

Sans vouloir jouer les Cassandre, on ne saurait toutefois verser dans une fausse béatitude. La première remarque concerne le positionnement du Grand Prix. Parmi les nombreuses catégories qui le constituent, on trouve certes la Petite Aiguille pour les pièces entre CHF 4’000 et 10’000 et le Prix Challenge pour celles en dessous de CHF 4’000. Que dire toutefois du prix moyen des montres primées en 2018 qui atteignait la « modique » somme de CHF 260’000. Est-on véritablement représentatif de l’horlogerie suisse avec ces garde-temps réservés à une élite ? Ceux qui me connaissent savent mon attachement à la Haute Horlogerie et aux pièces de belle facture. Cela ne signifie toutefois pas que l’on doive naviguer dans la stratosphère pour avoir une bonne vision de ce qui se fait de bien au sein des manufactures.

L’autre remarque relève de l’évidence. Toute personne un tant soit peu familière avec les prix horlogers aura remarqué l’absence de certains grands noms du secteur. Comme les Maisons n’y participent que sur une base volontaire, avec des frais d’inscription par montre et des émoluments plus élevés pour les pièces qui « voyagent » avec les expositions itinérantes, le Grand Prix n’inclut pas les marques qui n’ont aucune reconnaissance pour ces distinctions. En parlant de stigmates… C’est probablement là qu’il faut voir le péché originel du GPHG. Trop de Maisons restent en marge, malgré les appels pressants de la profession pour présenter un front uni lors de ces joutes « fraternelles ». Les Grecs anciens, dans leur sagesse, savaient instaurer des trêves dans leurs querelles intestines pour permettre aux athlètes des cités de se confronter lors des Jeux olympiques. Rien de tel dans le landerneau horloger. Si bien que, pour la Fondation de la Haute Horlogerie dont j’occupe la présidence du Conseil culturel, si Eve a croqué le fruit interdit, nous autres Adam n’avons toujours pas faim !

 



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